Dans les années 1500, au cœur de la Réforme protestante, un mouvement puissant s’est levé pour restaurer la vérité biblique et redonner à Dieu la place qui Lui revient. Les réformateurs, dont Luther, Calvin et tant d’autres, ont élevé une bannière composée de cinq déclarations fondamentales, connues aujourd’hui sous le nom des « cinq solas ». Ces piliers doctrinaux continuent de nous identifier comme chrétiens attachés à l’Écriture. Parmi eux se trouve une proclamation magnifique, simple et pourtant profonde: Soli Deo Gloria. Une expression latine signifiant: « À Dieu seul la gloire ».
Cette affirmation n’était pas une simple formule théologique. Elle voulait corriger un mal très présent à cette époque — et encore très présent aujourd’hui: la tendance de l’être humain à rechercher sa propre gloire. Déjà au XVIᵉ siècle, les réformateurs voyaient que beaucoup d’éléments dans l’Église avaient glissé vers l’exaltation de l’homme plutôt que celle de Dieu. Et si nous observons honnêtement notre époque, nous constatons la même dérive. Dans de nombreux services religieux, nous voyons une quête subtile – et parfois très explicite – pour attirer l’attention sur l’homme: programmes centrés sur la performance, prédicateurs mis en spectacle, ministères cherchant l’applaudissement plutôt que la fidélité. Tout cela obscurcit cette grande vérité biblique: la gloire appartient à Dieu et à Dieu seul.
La Parole de Dieu affirme avec autorité:
C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. À lui la gloire dans tous les siècles! Amen!
Romains 11:36
Ce verset est l’un des plus puissants résumés de la souveraineté divine. Paul y déclare que tout ce qui existe trouve son origine en Dieu, subsiste par Dieu et a été créé pour la gloire de Dieu. Rien n’a été créé pour la gloire de l’homme. Ni nos talents, ni nos dons, ni notre ministère, ni nos réussites spirituelles ne sont pour nous-mêmes. Tout vient de Dieu et tout retourne à Dieu. Cela inclut nos œuvres, nos prières, nos cultes, nos prédications, et même les fruits de notre service. Le but ultime de toute chose est la gloire de l’Éternel.
Pour les réformateurs, cette vérité avait une importance capitale. Soli Deo Gloria signifiait que tout dans la vie chrétienne devait être orienté vers Dieu: « Tout ce qui est fait est pour Sa gloire seule, excluant complètement l’auto-glorification et l’orgueil humain. » Les chrétiens, disaient-ils, doivent être inspirés non par la reconnaissance humaine, mais par la gloire de Celui qui les a sauvés.
Le problème n’a pas changé. L’humanité cherche toujours à s’exalter. Même dans les milieux spirituels, l’orgueil se déguise en zèle. Certains veulent un ministère pour être vus, une plateforme pour être applaudis, un nom pour être reconnu. Pourtant, l’Évangile n’exalte jamais l’homme; il l’abaisse. L’Évangile nous rappelle que nous ne méritons rien et que tout ce que nous avons est grâce. La théologie moderne, malheureusement, s’éloigne parfois de cette vérité en mettant l’accent sur ce que l’homme « mérite », sur son potentiel, sur sa grandeur. Mais la Bible ne parle jamais ainsi.
Le vrai message est celui-ci: toute gloire revient à Dieu. L’homme n’est ni au centre, ni en haut, ni digne d’adoration. Dieu seul est digne. Lui seul est souverain. Lui seul mérite la louange, l’adoration et l’honneur. Tout ce qui est créé – la nature, les anges, l’Église, l’univers – a été conçu pour refléter Sa gloire.
Revenir à un véritable « Soli Deo Gloria », c’est réformer non seulement nos doctrines, mais aussi nos cœurs. C’est reconnaître que chaque souffle, chaque victoire, chaque progrès spirituel vient de Dieu. C’est accepter que tout ce que nous faisons doit être une offrande pour Sa gloire. C’est refuser l’orgueil, rejeter l’auto-exaltation et vivre d’une manière qui montre que Dieu est le centre de notre vie.
Puissions-nous, comme les réformateurs et comme les saints d’autrefois, proclamer de tout notre cœur: À Dieu seul la gloire, aujourd’hui et pour toujours.